200 millions pour l'aéroport, et combien pour les précaires?

de: Jamshid Pouranpir, secrétaire SSP Trafic aérien

Le SSP fait des propositions au Parlement concernant l'Aéroport de Genève.

Photo Eric Roset

Le groupe Trafic aérien du SSP a été auditionné par le Parlement genevois, auquel le Conseil d’Etat demande d’octroyer un crédit de 200 millions de francs pour aider l’Aéroport international de Genève (AIG). Notre syndicat a proposé aux élu-e-s d’assortir de conditions l’acceptation de ce prêt. Objectif: lutter contre le développement de la précarité, les violations des règles de la concession aéroportuaire, les conflits sociaux à répétition et les scandales.

La situation à l’aéroport est en effet critique. La direction de l’aéroport et les multinationales qui y sont actives ont délaissé les salarié-e-s plus précaires. Certain-e-s sont obligé-e-s de faire recours aux aides alimentaires!

Des millions de deniers publics ont été mis à disposition pour payer les salaires, grâce au système de Réduction de l’horaire de travail (RHT). Plusieurs entreprises (Swiss, Gate Gourmet, Swissport, Protectas, etc.) ont pourtant licencié du personnel, contrevenant ainsi au but des RHT. En 2020, Genève Aéroport a supprimé environ 80 postes de travail.

Un rapport détaillé de l’Observatoire genevois du marché du travail pointe la sous-enchère salariale abusive et répétée dans le secteur de l’assistance au sol.

Dans les entreprises sous-traitantes de l’AIG, le nombre des conflits sociaux dépasse tous les autres secteurs économiques, selon la Chambre des relations collectives de travail.

En parallèle, un problème de pilotage paralyse le fonctionnement de l’aéroport. Des concessions sont octroyées sans transparence. De moins en moins d’entreprises sont signataires de conventions collectives de travail.

Pourtant, le conseil d’administration de l’AIG est censé appliquer les règles élémentaires des marchés publics pour l’octroi des concessions. Or celles-ci stipulent que «le respect des conditions de travail reprises dans les conventions collectives et les contrats types de travail ou, lorsque ceux-ci font défaut, celles usuelles dans le canton de Genève et dans la profession concernée» sont indispensables pour obtenir une concession aéroportuaire.

Le respect des droits syndicaux fait gravement défaut, alors que la lutte syndicale est le seul moyen pour faire entendre la voix des salarié-e-s. Le recrutement de briseurs-euses de grève et les sanctions contre les récalcitrant-e-s sont monnaie courante.

Enfin, le SSP propose aux parlementaires d’exiger une prise en main de la direction de l’AIG par le Conseil d’Etat. Un «grounding social» est en effet en marche – avec à la clé des licenciements, des contrats à temps partiel imposés, des salaires de misère, un manque de contrôle flagrant des conditions de travail et de protection sociale.

Le syndicat demande aussi la création d’un fonds social pour venir en aide aux travailleuses et travailleurs de l’aéroport qui se trouvent dans le besoin.